Dans son approche, Maria Montessori invite à reconnaître, à préserver et à nourrir l’élan naturel de chaque enfant à faire des apprentissages. Découvrons comment la pédagogie Montessori entretient la motivation des enfants.
L’éducateur ou l’éducatrice Montessori place sa confiance en l’enfant
“La conquête de l’indépendance commence avec le début de la vie ; tandis que l’être se développe, se perfectionne et surmonte chaque obstacle trouvé sur son chemin, une force vitale, active, le guide vers son évolution.”, (Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, DDB, 2014, p.70).
Maria Montessori invite les adultes éducateurs et éducatrices à voir et à garder en mémoire que chaque être humain, dès le début de sa vie, est poussé naturellement à faire des apprentissages. Devenir indépendant, comprendre et apprendre est ce que souhaite l’enfant. C’est ce que l’on nomme aujourd’hui la “motivation intrinsèque”. La pédagogue parle d’“impulsion” ou de “force vitale”, de “feu”, de “désir ardent”. Elle reprend également les termes d’ “élan vital” de Henri Bergson et de “horme” de Percy Nunn. Cet élan prend des directions précises lors des périodes sensibles : un très fort désir d’apprendre, de comprendre, donc de manipuler, tel ou tel élément/sujet.
Maria Montessori invite donc l’adulte à faire confiance aux enfants dans leur désir de progresser. Il n’est alors pas nécessaire de chercher à motiver les enfants pour apprendre. Les enfants sont naturellement, de manière innée, poussés à faire leurs apprentissages. La posture de l’adulte selon l’approche Montessori est de laisser l’enfant être maître de ses apprentissages, de lui laisser les rênes. Cela ne signifie pas que l’adulte éducateur abandonne l’enfant : il prépare l’environnement, donne un cadre, met l’enfant en contact avec l’environnement, observe l’enfant dans son travail et le guide.
“Les maîtresses qui arrivent dans nos écoles doivent avoir une espèce de foi que l’enfant se révèlera grâce au travail. ”, (Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, DDB, 2014, p.225).
On réalise que cette “impulsion vitale”, ce “désir ardent”, prend parfois une forme très brute, en particulier chez le jeune enfant. Il relève alors de l’intelligence de l’adulte d’identifier qu’il s’agit là d’un élan naturel et bénéfique à l’enfant et qu’il ne faut pas y faire obstacle. Malheureusement, en collectivité en particulier, de telles pulsions sont souvent réprimées, perçues par leur nature comme un comportement inapproprié. Selon la pédagogie Montessori, il s’agira donc de poser un cadre sans entraver la motivation naturelle de l’enfant à apprendre et à faire seul. Cela nécessite une bonne connaissance du développement de l’enfant et une fine observation de l’enfant de la part des éducateurs.
De même, dans la pédagogie Montessori, l’adulte n’a pas le rôle de celui qui pointe les erreurs, qui dit ce qui est juste ou faux.
L’enfant s’auto-corrige grâce au matériel Montessori
La pédagogie Montessori préserve également la motivation des enfants en leur laissant l’opportunité de constater eux-mêmes leurs erreurs et d’en bénéficier immédiatement. C’est la manière dont est conçu le matériel Montessori qui rend cela possible.
En effet, la majorité du matériel Montessori inclut un contrôle de l’erreur. L’exemple le plus parlant est celui des blocs de cylindres : l’enfant fait une hypothèse, il présente l’un des cylindres à l’entrée d’une cavité. Le matériel lui apporte une réponse immédiate : le cylindre entre ou n’entre pas dans la cavité. L’enfant s’auto-corrige.
La science montre que ce retour immédiat sur son travail est bénéfique pour les apprentissages et la progression de l’enfant.
De plus, ce retour sur le travail de l’enfant est donc le plus neutre qui soit, sans jugement, sans attente. L’enfant, en travaillant, n’a pas en tête l’objectif de satisfaire l’adulte, de lui faire plaisir. Il travaille pour lui-même. Sa motivation intrinsèque est préservée.
Pas de récompenses : la motivation intrinsèque de l’enfant préservée
Dans la pédagogie Montessori, pas de bons points, pas de notes, pas de jugements de qualité.
Maria Montessori et les chercheurs après elle ont montré que ce que l’on nomme les récompenses extrinsèques ne sont pas bénéfiques à long terme. En effet, les enfants habitués à l’école à travailler pour obtenir l’approbation de l’adulte, enseignants et parents, par des notes par exemple, voient leur motivation à travailler perdre de son essence.
Nous avons vu plus haut que l’enfant, naturellement, travaille pour lui-même. L’enfant a envie de progresser. Il aime naturellement travailler. Il aime d’ailleurs la difficulté et la surmonter lui-même. Lui accorder des récompenses (et de l’aide d’ailleurs) conduit en réalité à corrompre sa motivation naturelle et à ce qu’il l’oublie tout à fait.
Pour l’adulte, oublier l’élan naturel de l’enfant à travailler, et donc chercher à le motiver par des récompenses, revient in fine à dégrader la motivation intrinsèque de l’enfant.
Selon la pédagogie Montessori, les éducateurs et les parents ne félicitent pas les enfants, ils se gardent de tout chantage, ils ne les récompensent pas.
“Louange, aide ou même regard peuvent être suffisants pour interrompre et détruire l’activité.”, (Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, DDB, 2014, p.228).
Les adultes montessoriens prodiguent des encouragements et ils se réjouissent avec les enfants de leurs efforts et de leurs réalisations.