Les origines de la pédagogie Montessori : l’éducation des enfants handicapés
Maria Montessori a développé sa méthode auprès des enfants internés dans des hôpitaux psychiatriques. Au tout début de sa carrière en médecine, elle est employée comme assistante dans la clinique psychiatrique de l’Université de Rome. Elle travaille à réhabiliter les enfants déficients mentaux pour le développement desquels rien n’est fait. Elle s’intéresse aux travaux de Jean Itard et Edouard Séguin qui étudient également les enfants “anormaux” et dits déficients. Elle s’en inspire pour développer sa pédagogie et son matériel pédagogique sensoriel.

Ce n’est que dans un second temps, constatant les résultats impressionnants qu’elle obtient auprès des enfants déficients qu’elle applique sa méthode à des enfants sans troubles, et notamment à de très jeunes enfants, à partir de 3 ans. L’école en Italie à l’époque ne débutait pas avant 6 ans.
Partant de là, peut-on considérer que la pédagogie Montessori est particulièrement adaptée aux enfants à besoins particuliers ? Les écoles Montessori seraient-elles un modèle pour l’école inclusive que nous cherchons à construire en France aujourd’hui ?
Une méthode qui permet une éducation individualisée
Dans une ambiance Montessori, les enfants ne sont pas considérés comme un ensemble homogène ayant tous les mêmes besoins et la même manière d’apprendre.
Le mélange des âges et l’autonomie dans les apprentissages (chacun choisit son travail et y passe le temps qu’il estime bon pour lui), implique de fait une individualisation de l’enseignement.
Le travail de l’éducateur ou de l’éducatrice Montessori est d'observer chaque enfant et d’en tirer des propositions pédagogiques adaptées à chacun. A partir de là, on peut imaginer que des enfants à besoins particuliers sont considérés dans une école Montessori comme des enfants avant toute autre chose. On observe leur comportement, leur personnalité, leurs penchants et il s’agit de nourrir leur développement en s’appuyant sur l'environnement, grâce aux présentations, au matériel Montessori et à l’implication de toute la communauté des enfants et des adultes.
Donna Goertz dans son livre Quand l’école s’adapte aux enfants aux éditions Desclée de Brouwer, révèle la puissance et la beauté à la fois de la méthode Montessori, de son propre engagement et celui des autres enfants envers les enfants à besoins particuliers qui intègrent son école Montessori.

Dans un environnement Montessori, on va chercher à décrypter les besoins réels d’un enfant presque au jour le jour, sans se référer à une “normalité”.
Il est important d’inviter ici les professionnels de l’éducation Montessori et en particulier les enseignants des écoles Montessori à une vigilance accrue quant à la définition consciente ou inconsciente qu’on est amené à donner à ce que l’on nomme “normalisation” dans le jargon montessorien. Laura Flores Shaw et Dana Baker rappellent dans un article récent publié dans le magazine MontessoriLife que cette définition a tendance à venir rendre un comportement “pathologique”, “anormal”, de manière totalement subjective par rapport à une culture ou à des préférences personnelles. Elles évoquent l’exemple du silence.
L’accent mis sur la construction de la concentration
On identifie aujourd’hui plusieurs de ce que l’on nomme troubles d’apprentissage qui impliquent des troubles de la concentration et de l’attention. Ainsi le sigle TDAH signifie “trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité”.
Quelqu’en soit l’origine - on évoque souvent les écrans - de nombreux enfants peinent à s’intéresser, à se poser et travailler davantage que quelques minutes sur un projet. Dans les crèches Montessori et les écoles maternelles Montessori, le projet pédagogique met l’accent sur la construction de l’attention et de la concentration. Ainsi des activités Montessori de vie pratique comprennent des répétitions et des tâches minutieuses. Elles passionnent les enfants car elles proposent de petits objets beaux et bien faits, utiles et adaptés à leurs mains et à leur force. Ouvrir et fermer de petits cadenas, enfiler des perles en bois coloré, coudre un joli bouton, verser des graines ou de l’eau… Ces activités invitent les enfants à un travail intense et à une concentration prolongée.

Donna Goertz évoque dans son livre comment dans sa classe élémentaire Montessori l’activité du crochet permet à certains enfants de se centrer et de petit à petit “normaliser” leur comportement en classe.
L’identification de troubles sensoriels grâce au matériel Montessori
On retrouve très bien les origines de la méthode Montessori dans le matériel sensoriel Montessori. En effet, nombre d’activités Montessori 3-6 ans permettent d’identifier des troubles sensoriels chez les très jeunes enfants car leurs sens sont mis à contribution de manière très poussée. Pensons ici à la 3ème boîte des couleurs ou il s’agit de différencier finement les nuances des couleurs. Pensons également aux tablettes rugueuses qui font réagir fortement certains enfants et permettent de découvrir une condition particulière par rapport à de telles sensations.
En conclusion, le regard porté sur l’enfant dans la pédagogie Montessori invite ses praticiens à une approche individualisée qui prend en compte les enfants dans toutes leurs différences et leurs besoins particuliers. Les origines mêmes de la méthode Montessori tendraient à montrer qu’elle a le potentiel de s'adapter à tous les enfants. Une éducatrice Montessori comme Donna Goertz décrit également concrètement comment l’environnement et le posture Montessori sont aptes à répondre aux besoins particuliers des enfants qui posent des défis au système éducatif classique.